Caroline Guillaume (Gemalto) : “Pour les éditeurs de logiciels, tracer la donnée permet de lier sécurité et expérience utilisateur”

Les éditeurs de logiciels eux-mêmes ont besoin de mieux assurer la sécurité de leurs échanges avec leurs clients, dans un contexte où leur business model à massivement évolué. Lors d’un atelier sur le Salon Solutions. Caroline Guillaume, VP Sales Software Monetization de Gemalto est revenu sur ce que cela représentait pour son entreprise et l’importance de lier sécurité et expérience utilisateur.

Caroline Guillaume, VP Sales Software Monetization de Gemalto

Caroline Guillaume, VP Sales Software Monetization de Gemalto

Alliancy. Pourquoi une entreprise comme Gemalto s’intéresse-t-elle aux nouveaux business models des éditeurs de logiciels ?

Caroline Guillaume. Pendant longtemps les logiciels ont été vendus en mode « perpétuel », avec une importante source de revenus émanant du support et de la maintenance, mais en quelques années c’est l’abonnement qui a pris une dimension extrêmement forte, avec une croissance annuelle de 16% en moyenne si on prend le top 200 des éditeurs. Leurs clients vont même plus loin et poussent pour une prise en compte toujours plus grande de l’usage réel des logiciels -nombre de session, mais aussi bande passante ou CPU utilisés, selon la nature du software – pour payer le prix le plus juste. C’est un véritable casse-tête pour les acteurs historiques de mettre en place une gestion évolutive, au fil de l’eau, de leurs licences, des droits des utilisateurs… tout en étant l’occasion d’éviter le piratage ou les usages abusifs de leurs outils. Le fil conducteur est un focus sur la gestion des transactions, des accès, des identités… ce qui est une spécialité de Gemalto, notamment à travers sa filiale Software Monetization.

Cette réflexion sur la sécurité est-elle complétée par une réflexion sur l’expérience utilisateur ?

extrait cybersécurité Le Numérique en Pratique Caroline Guillaume. L’expérience utilisateur, cela fait des années que tout le monde estime que c’est extrêmement important. Mais une fois que ce discours est tenu, il a toujours été beaucoup plus difficile pour les éditeurs de logiciels de quantifier concrètement la valeur, le ROI, qu’apportent d’éventuelles évolutions en la matière. Il existe pourtant quelques chiffres, comme par exemple ceux de la Harvard Business Review, qui indique ainsi qu’une expérience médiocre conduit à 58% de non-renouvellement… Cette fidélisation est un bon indicateur pour les éditeurs. Le problème c’est que la diversité historique de leurs produits, les nombreuses acquisitions menées, ou le maintien d’anciennes versions… sont autant de facteurs de fragmentation. Il est devenu prioritaire d’harmoniser ces expériences. Pour proposer une expérience uniforme, il faut pouvoir avoir une visibilité précise sur les usages réels et donc tracer la donnée. C’est le lien entre sécurité et expérience utilisateur. Il faut pouvoir automatiser la livraison rapide des logiciels, leur renouvellement et leur déploiement transparent, les notifications qui vont permettre de rendre plus fréquents et utiles les contacts avec le client… C’est toute la gestion du cycle de vie à travers un portail de self-service qui nous intéresse ainsi chez Gemalto.

Les marchés historiques de Gemalto, comme la carte à puce, sont très bousculés : ce positionnement correspond-t-il a une évolution de votre propre business model ?

Caroline Guillaume. Cette activité est née de l’acquisition de Safenet (en 2014, ndlr), qui s’occupe de ces questions depuis 30 ans : ce n’est donc pas un pivot soudain. Il s’agit de technologies maitrisées déployées chez des milliers de clients. Mais il est vrai que l’évolution de ces processus, le dynamisme et la transformation du marché du logiciel sont très porteurs. Gemalto bénéficie de nombreux axes de croissance et d’innovation, autour de l’Internet des Objets par exemple. L’activité Entreprise Cybersecurity à laquelle Gemalto Software Monetization est rattaché, fait bien partie de celles qui sont en forte croissance.